Alan Magee pose à moitié rentré dans la tourelle de son B-17
Alan Magee pose à moitié rentré dans la tourelle de son B-17

Le 3 janvier 1943, en plein raid de bombardement sur un entrepôt de torpilles Allemandes à St Nazaire, un mitrailleur est éjecté à plus de 6000 mètres d’altitude. L’histoire aurait dû s’arrêter ainsi mais elle fut tout autre…

16 6 - [War heroes] Il a survécu à une chute de 6000 mètres sans parachute
L’équipage du Snap!Crackle!Pop! le 14 octobre 1942. A l’arrière (de gauche à droite), Arthur I Adams, Michael L. Libonati, Jr., Glen M. Herrington. Devant, tous inconnus à l’exception de Alfred M. Union (second en partant de la droite).

Ce jour là le S/Sgt Alan Magee, du 360th squadron, un mitrailleur du B-17 Flying Fortress #41-24620 (surnommé Snap!Crackle!Pop!) en est à sa 7ème mission de bombardement. Il est le plus âgé de ses camarades (Le pilote n’a que 19 ans !).
Malheureusement pour lui et ses camarades, son appareil est touché en vol à plusieurs reprises et il se retrouve éjecté à environ 6700 mètres d’altitude. Sept membres de l’équipage seront tués. Des trois membres survivants, deux ouvriront leur parachute et termineront leur descente dans les eaux en face du port de Saint Nazaire. Le dernier ? Il entrera dans l’histoire sous le nom du ‘Miraculé de Saint Nazaire’.

Les docks de Saint Nazaire et les U-boats Nazi.

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Le Uboat U-571 dans les docks de St Nazaire le 16 juin 1942

Les docks de Saint Nazaire revêtaient une importance majeure pour l’effort de guerre Allemand. Non seulement ils étaient dotés d’excellents systèmes de réparation, mais les abris blindés pour U-boats étaient particulièrement résistants. Sans parler de leur positionnement stratégique, parfait pour cibler les convois alliés s’approchant de la Grande-Bretagne isolée.
Les Allemands avaient bien conscience de leur importance et avaient décidé de protéger les docks et la ville par une série de pièces d’artillerie anti-aérienne tout autour du port et des environs.

Bien que la menace des Allemands sur les transports maritimes alliés était affaiblie en 1942, les alliés décidèrent en janvier 1943 de bombarder massivement la ville et les docks, afin de briser définitivement la menace des U-boats. Bien naturellement, les Allemands misèrent sur leur Luftwaffe et leur artilleurs de Flak.

Parmi les unités déployées pour mener cette mission, les 303rd et 306th Bomb Group. Le 360th Bomb Squadron faisant partie du 303th Bomb Group, ils lancèrent toutes leurs forces sur cette attaque du 3 janvier 1943. 85 bombardiers avec escorte sortirent lors de ce raid.

Le Snap!Crackle!Pop! est touché

Le B-17 et son équipage est en formation vers Saint Nazaire, à environ 6700 mètres d’altitude. Comme attendu, la Flak Allemande les attend de pied ferme : les tirs sont nombreux, précis, touchants. L’assaut est dévastateur pour les alliés, des dizaines de bombardiers sont touchés avant même d’arriver sur la cible.

19 8 640x433 - La formation passe à travers une épaisse ligne de défense de Flak
La formation passe à travers une épaisse ligne de défense de Flak

L’équipage du Snap!Crackle!Pop! tentent de maintenir l’avion en stable avec les 6 appareils restants dans leur formation, tout à droite de la colonne en forme de V.
Le bombardier (2nd Lt. Michael L. Libonati, Jr) prépare l’ouverture des soutes à bombes. Les autres sont à leur poste quand l’appareil est secoué par des obus de Flak se rapprochant. Devant, une vingtaine de chasseurs Fw 190 et Me 109 lancent une attaque de front.
La cible n’est plus qu’à 3 minutes de vol.

Soudain, l’appareil est violemment touché par un tir de Flak sous l’avion. La tourelle de verre dans laquelle le S/sgt Alan Magee prend la majorité de l’impact, le blessant sans qu’il ne puisse bouger (la tourelle était si petite que le mitrailleur était recroquevillé à l’intérieur et ne pouvait rien emporter, pas même un parachute). Il arrive tout de même a ouvrir une écoutille et à sortir dans le fuselage du bombardier. Pour lui, tout le monde devra sauter. Il attrape son parachute mais s’aperçoit que l’obus de Flak l’a complètement déchiré.

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Il fallait être petit pour entrer dans une tourelle de B-17. Les genous étaient quasiment plaqués sur la poitrine, et il était impossible d’emporte en parachute.

En sang, il se rend auprès du compartiment radio qui se trouve quelques mètres en avant du la tourelle, derrière la soute à bombes. Il veut en faîte retrouver le T/Sgt Alfred M. Union, et s’attacher à lui pour sauter. Alors qu’il entre dans le compartiment radio, un second tir de Flak traverse le fuselage de l’avion, juste à côté d’où il se trouvait.

Un second impact dévastateur, et les chasseurs attaquent

Dans le même temps, le S/Sgt Magee voit s’approcher un Fw 190A-4 et tirer alors qu’il croise le bombardier. Ses cannons et mitrailleuses découpent plusieurs partie de l’aile droite de l’appareil, qui entre dans une vrille en projetant le soldat dans les airs. Sans oxygène, le S/Sgt était à ce moment encore à peine conscient, mais le choc de la vrille suffit à le faire perdre conscience.

Alors que l’avion est en chute en vrille, son corps tape plusieurs fois le fuselage pour finir par être éjecté par le trou du second impact.

Seul deux membres de l’équipage pourront (ou seront) éjectés et pourront ouvrir leur parachute. Le bombardier, quant à lui, terminera sa descente en flammes à La Baule les Pins, 3 kilomètres à peine l’Ouest de Saint Nazaire.

La chute

Durant sa chute, le S/Sgt Alan Magee reprend connaissance. Vision d’horreur, il est en pleine chute à très haute altitude, sans parachute. Il sait qu’il ne survivra pas. Tombant dans l’air glacé, ses dernières pensées sont une prière à Dieu. Plus tard, il se rappellera avoir prié : « Je ne veux pass mourir, car je ne connais rien à la vie ».

Son corps tombe alors sur le toit en verre de la gare de Saint Nazaire, qu’il traverse de par la violence de l’impact. Mais contre toute attente, il n’est pas mort. Peut être le verre a « ralenti » sa chute ? Peut être la combinaison de l’angle du toît, de l’épaisseur de la glace, des poutres en acier, et de sa vitesse ?

17 7 640x384 - La gare de Siant Nazaire, qui sera fortement touchée par la suite durant les bombardements de 1945

Inconscient et gravement blessé (quand même), son bras est quasiment arraché, ses yeux et son nez sont partiellement écrasés, ses dents, jambes, genoux et chevilles touchés. Ses poumons et d’autres organes internes sont également partiellement écrasés. Des sentinelles Allemandes accourent et le trouvent en vie, pendant dans le vide, son corps enchevêtré dans les poutres en acier qui maintiennent le toit.

Un médecin Allemand est dépéché pour secourir le blessé alors que des soldats le descendent. Quand il reprend conscience, sa première parole est de s’exclamer « Thank God I am alive » (Dieu merci, je suis vivant). Le docteur lui dit aussi « Nous sommes ennemis, mais je suis d’abord un docteur et je ferai de mon mieux pour sauver votre bras ». En plus de sauver le bras du S/Sgt Alan Magee, il s’occupera des autres blessures, qui contiendront également 28 blessures de shrapnels et des blessures internes.

Survie et retour à la maison

Le S/Sgt Alan Magee récupérera quasiment entièrement et passera le restant de la guerre dans un camp de prisonnier. Quant aux deux autres survivants ayant pu sauter en parachute, ils seront aussi récupérés et placés en camp de prisonniers.

Côté mission, le raid sur Saint Nazaire fut un échec : 75 membres d’équipages furent perdus, 7 appareils ne revinrent pas et 47 furent gravement endommagés.

Il passera de camps en camps pour finir par être libéré en mai 1945. Il recevra deux décorations : la « Air Medal for meritorious service » et la « Purple Hearth »

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Alan Magee devant la stèle en 1955

Le 23 septembre 1995, Alan E. Magee revint à Saint Nazaire accompagné de sa femme Helen (pour la première fois depuis la fin de la guerre), afin de prendre part à une cérémonie organisée par la ville. Une stèle remémorant les 7 membres d’équipage du Snap! Crackle! Pop! tués au combat y fut érigée.

Il décèdera le 20 décembre 2003 à San Angelo au Texas à l’age de 84 ans.

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